Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Tout ce que se passe au club, les remarques, le comportement des membres ...

Modérateurs : etsague, vevene57, makelena, serge, Messalia50

Bonbonniere68
Utilisateur
Messages : 5
Inscription : mar. janv. 30, 2024 4:30 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par Bonbonniere68 » ven. avr. 11, 2025 9:47 am

Blanjean

Cela s'appelle claquer le beignet... !
et pour mon adresse, c'est Bonbonniere68 :wink:
avec tout ma considération,
je vous souhaite une agréable journée
fabmanuel
Utilisateur
Messages : 53
Inscription : dim. janv. 03, 2021 6:11 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par fabmanuel » ven. avr. 11, 2025 2:11 pm

Cher Schaltzy,

les larmes de sang s'écoulent de mes yeux de biche blessée,
ma voix s'étouffe au creux de ma gorge nouée par trop d'émotions contenues....j'ai perdu mes cheveux de Dom Juan populaire à vous lire, ma moitié refuse se sortir de son lit à baldaquin et ne s'alimente que de poireaux vinaigrette sans vinaigrette, la vue d'un verre de Gaillac qui la faisait bondir de bonheur, lui procure de lourds sanglots et elle hurle votre nom dans son si rare sommeil... Ma chienne joueuse et insolente comme votre âme refuse ces rôtis quotidiens et daigne à peine grignoter des croquettes pour chat anorexique, celles pourtant que mes amis apprécient tant à nos apéritifs.
Mon très onéreux psychiatre m'a conseillé le suicide immédiat et m'a offert son coupe papier en argent affûté tel un rasoir. Il est posé sur cette table sous mes yeux, j'y ai gravé votre nom avec ma Dremel triphasée, c'est sublime comme chacune de mes œuvres.
J'ai posé une serpillière sur mes genoux afin de ne point inonder mon salon, tant de cruautés contre un être si sensible à défaut d'être chétif tue en moi l'amour inconditionnel du genre humain...
Que vaut une vie comme disait cet ancien dictateur allemand si sensible?
J'ai tenté de vous envoyer la nouvelle meuleuse parkside dans un pain de 6 kilos, la ruse fut éventée, je soupçonne avoir des micros cachés dans mon téléphone à cadran ou pis encore dans le pommeau de ma douche avec caméra intégrée et redoute que ces vidéos fassent de moi un objet de désir devenu international, je n'ai pas besoin de l'argent de ces âmes lubriques en pamoison.
Je n'ai besoin que de votre présence cher Herr Mann, nous sommes nombreux à oeuvrer dans l'ombre de votre colossale stature, la Révolution aboutira et votre sacre n'en sera que plus éclatant sous les vivas de vos anciens détracteurs enfin revenus à la raison et se flagellant à vos pieds avec des ronces et des orties cueillies par mes mains delicates et manucurées.
Force et Persévérance, votre obséquieux Fabmanuel.
Bulle59
Utilisateur
Messages : 83
Inscription : mer. mai 09, 2012 7:43 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par Bulle59 » ven. avr. 11, 2025 5:52 pm

:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
schaltzmann
Utilisateur
Messages : 53
Inscription : lun. oct. 02, 2006 8:16 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par schaltzmann » sam. avr. 12, 2025 3:44 pm

Ce récit est une histoire, une fiction. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence.

Jour 3 – Bloc C, Cellule 21

Rien à signaler. À part bien sur cette lettre, arrivée aujourd’hui, signée d’un certain Abel Manuf, qui a eu le don inattendu de briser la monotonie. Un concentré d’absurdités savoureuses et délirantes, bourré d’humour noir et tendre, qui m'a offert l’évasion dont j’avais précisément besoin.
Ces lignes extravagantes, teintées de folie douce, de poireaux et de vinaigrette, ont réussi l’impensable : me faire sourire dans ce lieu glacé. Pendant quelques minutes, grâce à ce courrier improbable, je n'étais plus tout à fait enfermé.


Jour 4 – Bloc C, Cellule 21

La lumière blanche frappe à travers mes paupières comme un scalpel froid. Je n’ouvre pas les yeux immédiatement. Ce serait céder trop vite. Je compte lentement jusqu’à dix, pour ne pas me rendormir, pour me rappeler que je suis vivant. Et debout. Ici, se souvenir qu’on existe est déjà un acte de rébellion.

La voix automatique, telle un GPS vomit son rituel matinal :

« Bonjour citoyen. Penser seul, c’est blesser le groupe. L’harmonie collective vous libérera. »

Ça dégouline de faux bons sentiments, une propagande synthétique injectée comme une drogue mentale. Humanisme mielleux. Slogans fabriqués pour anesthésier les rebelles, vider les crânes et repeindre l’esprit aux couleurs pastel de la soumission. Je serre les dents. Leurs mots ne m'ont jamais pénétré. Ils ricochent sur mes tympans comme des balles sur une vitre blindée.

Petit-déjeuner sous surveillance. Bouillie fade, sourire obligatoire, tout autour, des écrans géants diffusent en boucle des visages béats qui récitent des formules pacifistes. Ça suinte la fausse bonté, la fraternité fabriquée. J’avale sans goûter, je souris sans sincérité. Je joue le jeu. En apparence seulement.

Puis plus tard vient la session de "rééducation mentale".

On me met un casque sur le crâne en m’intimant gentiment d’absorber leurs messages « d’unité », de « paix », et autres sucreries qui collent aux neurones. Je ferme les yeux et laisse leurs phrases creuses cogner vainement contre mes tempes comme des moustiques idiots sur une lampe brûlante.

Pendant qu’ils récitent leurs sermons, je m’évade mentalement. Loin, très loin d’ici. Je me projette au milieu d'une prairie immense, tapissée d'herbes vertes et sauvages, sous un ciel bleu profond. À mes côtés, il y a Rantanplan, mon véritable ami, mon fidèle compagnon canin. Rantanplan, c'est mon Rottweiler, fier, intelligent, les muscles tendus sous sa robe sombre, les yeux vifs et lucides scrutant l’horizon avec une vigilance de soldat.

Il avance à mes côtés, calme et puissant, le pas sûr, regard sévère mais plein de loyauté. Il devine chaque danger, évalue chaque intention. Rien ne lui échappe. Rien ne m’échappe. Ensemble, nous observons le monde tel qu’il est, sans filtre ni faux-semblants.

Dans mon rêve, Rantanplan grogne contre leurs tentatives ridicules de m'aseptiser. Si ces charlatans du bonheur forcé s’approchaient trop près, il leur ferait comprendre d'un seul regard que la soumission et la mièvrerie n’ont jamais été des options envisageables.

Je souris intérieurement en caressant la tête solide de mon compagnon.
Si seulement ils savaient que même mon chien comprend mieux qu’eux le véritable sens du mot liberté.

Retour en cellule, à onze heures. Et c’est là que je la découvre.

Une autre lettre posée sur ma couchette avec soin. Trop parfaite pour être innocente. Grise, réglementaire, mais avec quelque chose de vif, presque fébrile, dans l’écriture sur l’enveloppe.

Je l’ouvre sans précaution, comme on déshabille une femme de petite vertu. Et je commence à lire …

« Lâche et cruel, tels sont les mots qui me viennent à l’esprit en parcourant ces lignes dans lesquelles tu me représentes. »

Ça commence fort. On me définit en deux mots, deux insultes rapides comme deux gifles. Elle croit me cerner, me résumer en une phrase. Touchant de naïveté.

"N’es-tu pas capable de prononcer mon nom ?"

Non. Et je t’en remercie. L’anonymat te sied mieux.
Elle enchaîne..

"Es-tu, tel un esprit maléfique, rongé par un mal qui t’empêche d’être un homme digne, surtout envers une femme ?"

Là, j’ai presque ri. La dignité. Ce mot qu’on jette comme un os à ronger aux chiens qu’on veut dresser.
Et cette petite perle : “surtout envers une femme”. Comme si le respect était genré. Non.
Je respecte ce qui se tient debout. Ce qui affronte, ce qui pense. Pas ce qui quémande un piédestal. Elle réclame une immunité morale. Une révérence par défaut.
Qu’elle rêve.

« Tu es véritablement méprisable, te dissimulant derrière des idées que tu colportes avec dédain. »

Elle me prête des idées, c’est généreux. Moi, je balance des vérités brutes, des évidences qui blessent parce qu’elles n’ont pas le cœur enrobé de sucre. Je ne suis pas méprisable, je suis réaliste. Mais pour les âmes fragiles, la vérité ressemble toujours à du mépris.

"À peine sais-tu distinguer le bien du mal, une bonne personne d'une mauvaise."

Et la voilà qui me parle en noir et blanc, avec une morale d’enfant catéchisé. Le Bien, le Mal, les bons, les méchants… elle me parle comme si elle lisait encore des contes.
Ce n’est pas que je ne distingue pas. C’est que je ne classe pas. Je ne trie pas les gens par catégories morales. Je les écoute. Je les mesure. Puis je tranche.

"Qui t’a forgé ainsi ? Une mère défaillante ou une âme tourmentée ?"

Ah, la psychologie frelatée. Les origines. L’enfance. La maman. Elle veut me réduire à un traumatisme. C’est mignon.
Elle hésite entre la mère et l’âme. Elle veut danser le tango, mais elle porte des sabots. Je ne suis pas un résultat. Je suis une construction volontaire. Tout ce que je suis, je l’ai choisi.

"Où as-tu placé le sens de la dignité, dans les ombres de ton mépris ?"

Il n’est pas "placé". Il est dilué, partout, au milieu de mon indifférence. Et mon mépris ? Il est précisément là où il doit être : sur ceux qui croient comprendre, ceux qui croient me connaître.

"Mon Dieu, quand tu arrives sur cette place publique, tes insultes sont perçues comme une blague, en disant « bonjour les gens bons » [...]"

Elle parle d’un “bonjour les gens bons” que j’aurais balancé comme une grenade molle.
Elle y voit du venin. Moi, j’y vois une provocation douce, légère. Elle ne comprend pas le deuxième degré. Elle veut des insultes franches pour avoir le droit d’être blessée. C’est fascinant, cette obsession de vouloir se sentir visée.

"Tu ne sais même pas te montrer courtois; la politesse ne fait pas partie de ta nature."

Non. Et alors ? La politesse est une stratégie, pas une vertu. Je l’utilise quand elle sert. Ici, elle ne sert à rien. La courtoisie est une posture pour ceux qui veulent être aimés. Je n’ai aucun besoin de plaire.

"Tu te crois supérieur, mais pour moi, tu n’es rien d’autre qu’une raclure de bidet, ‘tout juste bon à égorger les chats’, comme dirait Jacques Brel."

Enfin, le clou. Brel est convoqué pour me comparer à un tueur de chats. C’est censé faire mal, j’imagine. Mais elle s’y prend mal. Parce que tout ça, ce n’est pas moi. C’est son idée de moi. Une caricature grossière, un croquis dessiné dans l’obscurité. Elle tire des flèches au hasard et se félicite de m’avoir transpercé. "Raclure de bidet", j’avoue, c’est osé. Presque affectueux à force d’excès.

"Je sais également comment tu as cru discerner qui je suis..."

Non, tu ne sais pas. Tu supposes. Tu fantasmes. C’est mignon, presque. Tu n’es pas une énigme. Tu es un bruit de fond. Tu veux être vue. Voilà ton seul crime. Et ta seule punition, c’est que je ne te regarde pas.

"Le démon est en toi, ‘crache ton venin’[…], avant qu'il ne te consume ! "

Je le fais, rassure-toi. Et tu l’as bu jusqu’à la dernière goutte. Tu veux le démon ? Tu le nourris à chaque mot.

La signature attire mon regard :

« Boitabombec68, Alixa Yam »

Un pseudonyme. Un masque. Une boîte à secrets parfumée. Une tentation déguisée. Elle se veut mystérieuse. Elle est juste floue.

Je replie le papier sans soin. Il ne mérite pas mieux.
Rien ne m’a touché. Rien ne m’a surpris.
Mais elle m’a offert, malgré elle, quelque chose : de la matière pour alimenter mon récit.

Je suis une centrale thermique : je brûle les déchets pour faire tourner la machine.
Et sa lettre, avec ses insultes, ses piques et ses phrases bancales ?
Un parfait combustible.

L’après-midi traîne en longueur. Vient alors l’atelier du « re-vivre ensemble ».

On nous rassemble en cercle, chaises placées méthodiquement, espace parfaitement égal entre chaque corps docile. Une facilitatrice, c’est comme ça qu’elle se nomme, avec cette tendresse artificielle de mère sup' d’une secte humaniste, ouvre les bras, sourire fixe et figé.

« Aujourd’hui, nous allons parler de tolérance, de concessions et de la nécessité, parfois, d’une réelle auto-censure pour mieux appréhender le vivre ensemble. »

Je serre les mâchoires.
Tolérance = fermer les yeux sur ce qui dérange.
Concessions = sacrifier ce que je suis pour plaire aux autres.
Auto-censure = avaler ses convictions jusqu’à l’étouffement.

Jamais. Plutôt crever.

La facilitatrice sourit à nouveau, dégoulinante de bonté conditionnée.

« Qui veut commencer ? »

Un silence gêné tombe sur le groupe comme un manteau de plomb. Puis devant notre silence, une intervenante à ma droite, une civile, visiblement formatée depuis longtemps, se lève et prend la parole.

« Il faut bien que vous compreniez que parfois il faut se taire, accepter… pour vivre en paix avec les autres. Savoir s'arrêter quand le degré d'ironie dépasse les bornes fixées par heuuu …» elle s'enlise, elle cherche ses mots. « … fixées par ceux qui détiennent la médaille de la bienséance, ceux qui se sont érigés en censeurs de l'excès.»

Elle récite ça comme on récite des tables de multiplication, sans ferveur, sans âme. Je la fixe sans pitié. Elle a déjà cédé depuis longtemps. Ses yeux fuient les miens comme ceux d’un animal domestiqué.

La facilitatrice jubile discrètement. « Remerciez Antoinette, c’est exactement ça, il faut apprendre à se taire, à se museler. »

Elle se tourne vers moi. Évidemment. Sa voix suinte la douceur imposée :

« Et vous, citoyen ? Quelle concession pourriez-vous envisager pour mieux vivre avec le groupe ? »

Je la regarde droit dans les yeux, mes lèvres esquissant un sourire chargé d’ironie sombre. Ma réponse est calme, parfaitement maîtrisée :

« Ma seule concession est déjà faite : je suis là, assis, au milieu de vous tous, à écouter ces inepties. »

Le silence revient, lourd. La femme encaisse, sourit de nouveau, mécaniquement.

« Nous respecterons donc votre espace de réflexion. »

Mon espace ? Elle n’a aucune idée d’à quel point elle ne l’approchera jamais.

L’atelier s’étire dans un brouillard verbal fait de « respect », de « bienveillance », de « renoncement à soi ». Un cirque pour les âmes fragiles. Une mièvrerie pour mamies trop propres sur elles, anxieuses de ménager toutes les susceptibilités du monde.

Mais je tiens bon. Je ne me laisse pas entraîner. Je reste lucide, intact, froidement moqueur.

Si vis pacem, para bellum. S’ils veulent me réduire à leur paix forcée, ils devront s’attendre à une résistance silencieuse, mais farouche.

Je sais exactement qui je suis. Je connais mes forces, mes faiblesses, les ombres qui m’habitent, les lumières que je poursuis.

Ici, je ne suis pas seul. Pas tout le temps. Chaque soir, au parloir, ils sont là. Mes vrais amis. Ceux qui franchissent sans hésiter le portail de ce pénitencier glacé, défiant les regards sombres des gardiens, ignorant l'épaisseur brutale du plexiglass qui nous sépare.

On s'assoit toujours un peu n'importe comment, sans ordre précis, comme si l'inconfort des sièges et la froideur du décor n'avaient aucune prise sur notre rituel quotidien. C’est comme ça qu’on résiste ici : en ignorant les règles, en se fichant du protocole, en faisant semblant d’être encore dehors, libres, ensemble.

Très vite, les voix s’entremêlent, joyeusement désordonnées, avec cette manie attachante que nous avons de tous parler en même temps. On rit fort, parfois trop fort, juste pour agacer un peu les gardiens qui soupirent derrière leurs uniformes amidonnés. Quelqu'un lance toujours une pique tendre, une vanne qui fait mouche et nous oblige à riposter aussitôt, juste pour le plaisir de prolonger ce match verbal sans gagnant ni perdant.

On se chamaille gentiment, on s’interrompt sans cesse, chacun voulant avoir le dernier mot sur des sujets absurdes, insignifiants, délicieux précisément parce qu'ils ne veulent rien dire, parce qu'ils n'ont aucune importance, sinon celle d'être vécus ensemble.

Ces instants-là valent tout. Ils sont le carburant secret qui m’empêche de plier sous la pression constante de ma détention, la preuve vivante que tout n’est pas soumis à des règles strictes. Ils peuvent enfermer les corps, contrôler les horaires, imposer leurs discours, mais jamais ils ne pourront interdire nos rires ni nos plaisanteries absurdes, jamais ils ne pourront empêcher cette tendresse pudique cachée derrière nos taquineries complices.

Et quand le gardien tape sur la vitre pour annoncer la fin de la visite, on proteste toujours, pour la forme, en simulant une révolte joyeusement exagérée. Ils sourient malgré eux, parce qu’ils savent qu’on ne pliera pas, qu’on ne cédera jamais tout à fait. On s’échange un dernier regard, un dernier sourire, un dernier bonsoir, et on se quitte avec toujours l'espoir de se retrouver le lendemain.

Quand je retourne à la solitude de ma cellule, leurs voix résonnent encore un moment dans ma tête, comme un écho doux et tenace, une promesse silencieuse de ne jamais lâcher.

Votre très dévoué et irrévérencieux.

Schaltzmann.
tatalisette
Utilisateur
Messages : 163
Inscription : mar. mars 01, 2011 10:31 am

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par tatalisette » sam. avr. 12, 2025 5:59 pm

oh le cinéma des pesudos de prisionner politique nullllllllllllllllllll ouiiiiiiiiiiiii :mrgreen:
Bonbonniere68
Utilisateur
Messages : 5
Inscription : mar. janv. 30, 2024 4:30 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par Bonbonniere68 » sam. avr. 12, 2025 7:00 pm

Schaltzmann,

Soit nous agissons de manière complète, soit nous ne faisons rien du tout. Il semble que tu n'aies retranscrit qu'une partie de ma réponse à tes attaques incessantes, et cela me laisse perplexe.

Je commence à percevoir un autre aspect de ta personnalité. Te rappelles-tu de cette fois où tu exprimais ton désir d'être avec moi ? Maintenant que j'ai refusé et que je me suis affichée avec quelqu'un d'autre, ta seule réaction a été de me rabaisser.

Pourquoi continues-tu à t'accrocher à moi ? Tu n’as aucune importance dans ma vie, et comme je n’ai pas la possibilité de te répondre ici, je te propose de nous retrouver ailleurs pour discuter de ce flot d'amertume que tu déverses, d'accord ?

Il serait peut-être temps que tu grandisses un peu, car tu me donnes l'impression d'agir avec immaturité, comme l’a souligné ta douce moitié. Qu'a-t-elle dit à ton sujet ? Ah oui, je me souviens : "C'est déjà un vieux !"

Et puis, tu fais erreur en me dénigrant ainsi, car je vis dans un monde qui te plairait, entourée de tout ce que tu aimes...

En résumez je fais face aux incessantes avances d'un vieux, désolée les filles c'est moi qu'il a choisi, je vous le laisserai bien mais il s'accroche et qui me courre après depuis des mois maintenant... Bien sûr, je suis persuadée qu'il va le nier, comme à son habitude. Il a cette tendance à ne pas assumer ses émotions, ni à les exprimer. (Il est amoureux maintenant, manquait plus que çà...)

J'ai toujours eu beaucoup de chance...

Adieu Youri !
fabmanuel
Utilisateur
Messages : 53
Inscription : dim. janv. 03, 2021 6:11 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par fabmanuel » sam. avr. 12, 2025 11:46 pm

Cher Schaltzy,

je dois vous avouer ne pas avoir eu la force ni le temps dont vous disposez.
Grassement emprisonné par nos impôts,
grâce aux Fortunes que nous simples humanoïdes de base
(je parle pour les autres lecteurs)
daignent vous abreuver malgré vos Mœurs et Meurtres dépravés.

Merci d'acclamer cette sir rare allitération en grasse.

Mais au retour de mon boudoir d'aisance,
retrouvant ma Pompadour pomponnée avachie avec grâce (décidément)
sur notre sofa Napoléon 3 je me m'y a penser à votre âme égarée
dans les limbes de vos états d'âme( éric...suis ado en 85 ).
Ma moitié avait elle -même une trombine d'âme égarée...
je redoute une rencontre future qu'elle souhaite ardemment.
J'ai du couper le poële....

Bref je vous vois frissonnant, tremblotant et encore plein de trucs en "tant",
recroquevillé sur votre paillasse
(non!!! pas mon ex!! me disiez-vous encore
lors de votre dernier espace de liberté sexiste sur le dark web).

Bref votre désolation rend le Monde brutal, la guerre semble imminente!!!
Mais notre Terminator pacificateur ne sera point à ramper
dans les traces embourbées des chenilles de ma tondeuse à gazon
(sur laquelle j'ai peint le doux visage de Goebbels à la demande d'un certain SM),
mais le conflit parviendra avant sa libération (ya une voyante kimadit)
mais le Rebelle de la 4ème dimension sera encore engeôlé, blessé, humilié,
pris pour un rebut de notre société si sale et insolente :
la disgracieuse qui préfère le pastel délavé aux fortes impressions picturales.

Insolemment à vous cher Schaltzy trompette de la Mort.


Bien à vous Mann, votre Quasimodo clochant.
nipsca
Utilisateur
Messages : 109
Inscription : ven. nov. 16, 2012 3:59 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par nipsca » dim. avr. 13, 2025 12:19 pm

Assez divertissant le mélange des genres dans cette rubrique, j'avoue. Ca me reporte à certaines de mes lectures d'adolescente et de jeune adulte :

1984 de George Orwell (le classique des classiques), en particulier la 3e partie.
Farenheit 451 de Ray Bradbury
Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley
Un bonheur insoutenable d'Ira Levin

Ca pourrait sans doute ressembler un peu à ce qu'un Jean Moulin aurait écrit s'il l'avait pu durant son incarcération?

Bref l'atmosphère bien déprimante est très réussie.

Le tout intercalé d'un peu de correspondance qui aurait pu être écrite au 18e siècle, genre Les Liaisons Dangereuses?

Très réussi, lâchez pas Winston Smith et la Marquise de Merteuil!
Bonbonniere68
Utilisateur
Messages : 5
Inscription : mar. janv. 30, 2024 4:30 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par Bonbonniere68 » dim. avr. 13, 2025 2:00 pm

Tout à commencé parce que Schaltzmann est venu fourré son nez dans mon post qui a été retiré après sa venue par la modération, nous n'avons pas tous droit au meme respect. Afin de compléter ce qui a été retiré, voici la réponse au poème qui a été retiré, lui aussi sur demande, dont l'auteur jeanmimi12 s'est autorisé à me descendre en public

Retour à l’envoyeur,

Eh bien, petit malin, toujours en quête d'amour et de tendresse, n'est-ce pas ? On pourrait se le demander… Te voilà comme un poisson dans un filet, à t’emmêler les pattes comme un débutant qui essaie de danser la salsa sur un sol glissant !

Coincé dans ta bulle, tel un imbécile heureux, tu passes tes nuits à rester debout, peut-être ? Tu te contorsionnes dans tous les sens à la recherche du sommeil probablement, comme un ver cherchant désespérément son trou ! N’y parvenant pas, curieux comme tu es de découvrir les petits secrets qui se mijotent sur le forum, tu fouines dans chaque recoin avec l’enthousiasme d’un détective en herbe !

Dans ce poème lugubre, où tu peins des scènes à faire pâlir tous les marquis de Sade, tel un asticot aussi talentueux qu'une patate, tu t’affiches et te retrouves piégé dans un canular qui frôle le désastre... Prépare-toi, car tu risques de prendre un sacré coup !

Si mes mots ont délicatement chatouillé son cœur et que ma poésie l'a touché, qu'est-ce que ça te fait ? N'est-il pas capable de choisir ce qui le rend heureux ? Qui es-tu pour lui infliger tant de désarroi ? Un voleur masqué, rôdant comme un rat dans la nuit pour dérober des instants de vie… Montre-toi, que l'on puisse admirer ta belle frimousse ! Serais-tu en quête de bonheur, prêt à croquer des Bonbons de ciguë toi-même ? On dirait plutôt que tu es un vrai gourmet du désespoir !

Lui ne pèse pas ses sentiments sur la balance et ne fait pas payer les autres, contrairement à toi. Les échanges que nous avons eus, beaucoup auraient aimé en profiter… Alors, va chercher ailleurs quelqu'un qui saura te satisfaire, ça t’évitera d’embêter tes voisins. Libère-toi de cette sournoise toile d'araignée et prend la fuite, avant que ce mauvais calembour ne te plonge dans l'absurde !

Au lieu de signer 'un ami', tu aurais tout aussi bien pu signer 'un pourri' ! Ça aurait fait ton sur ton, non ?

et voici le texte en intégral qui a été censuré

Lâche et cruel, tels sont les mots qui me viennent à l’esprit en parcourant ces lignes dans lesquelles tu me représentes. N’es-tu pas capable de prononcer mon nom ? Es-tu, tel un esprit maléfique, rongé par un mal qui t’empêche d’être un homme digne, surtout envers une femme ?

Tu es véritablement méprisable, te dissimulant derrière des idées que tu colportes avec dédain. À peine sais-tu distinguer le bien du mal, une bonne personne d'une mauvaise. Qui t’a forgé ainsi ? Une mère défaillante ou une âme tourmentée ? Où as-tu placé le sens de la dignité, dans les ombres de ton mépris ?

Mon Dieu, quand tu arrives sur ce forum public de Scrabble Pro 1, tes insultes sont perçues comme une blague, en disant « bonjour les gens bons », insinuant ainsi un mépris dès le départ. Tu ne sais même pas te montrer courtois ; la politesse ne fait pas partie de ta nature. Tu dénigres à tout-va, qu'ils soient amis ou ennemis, sans faire la moindre distinction, car tu te crois au-dessus de tous. Est-ce cela que tu cherches à instaurer : un véritable empire du mal ?

Je tiens à te rappeler qu'il s'agit d'une plateforme de jeu, et qu'il est impératif que cela reste dans ce cadre sans déborder sur la vie réelle. Il est essentiel de respecter le droit à l'identité de chaque personne, sans permettre que les interactions ici nuisent à qui que ce soit.

Je sais également comment tu as cru discerner qui je suis. A l’instar de vous tous, je n'ai jamais cherché à me cacher ; j'ai révélé d’emblée ma part d’humanité, celle dont je suis fière. Je pensais que le fait de me montrer pourrait vous sensibiliser et vous inciter à être plus aimable. Malheureusement, pour toi, cela a déclenché une haine inimaginable. Ai-je jamais interféré dans tes publications ? Non.

Qui t’a donné le droit de te comporter ainsi ? Tu te crois supérieur, mais pour moi, tu n’es rien d’autre qu’une raclure de bidet, « tout juste bon à égorger les chats », comme dirait Jacques Brel.

M'insulter en me qualifiant de démone ? Vraiment, tu ne sais pas à qui tu as affaire... Ne crois-tu pas que tes paroles dégradantes finiront par te nuire un jour ? Je ne suis pas la seule à qui tu infliges ce genre de blessures, hélas. Pourquoi ne t’attaquerais-tu pas à un de tes semblables ? Pourquoi déverser tes diatribes insipides sur une femme que tu méprises avec une telle désinvolture que cela en devient gênant ?

Je ne partage pas tes propos extrêmes, car tu sembles ignorer tout ce qui s'est déroulé durant les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les atrocités qui continuent de se produire aujourd'hui…

Aurais-tu perdu toute notion de bon sens ? Ressens-tu ne serait-ce qu'une once de mansuétude pour tes contemporains ? Qui es-tu vraiment ? Une larve humaine, un déchet de l’humanité ? Le général De Gaulle, à son époque, a lui-même réduit à néant ceux qui se targuaient de tenir des propos aussi extrêmes que les tiens. Tes connaissances se limitent à des idées que tu t’appropries, n'étant au final qu'un patchwork de ce qu'il y a de plus vil en ce bas monde. Le démon est en toi, « crache ton venin » titre de chanson de Téléphone, avant qu'il ne te consume !
Dernière modification par Bonbonniere68 le mar. avr. 15, 2025 9:05 am, modifié 1 fois.
nipsca
Utilisateur
Messages : 109
Inscription : ven. nov. 16, 2012 3:59 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par nipsca » dim. avr. 13, 2025 2:06 pm

Bien ce que je disais, ca rappelle Les Liaisons Dangereuses, j'étais pas complètement à côté de la plaque finalement lol
nipsca
Utilisateur
Messages : 109
Inscription : ven. nov. 16, 2012 3:59 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par nipsca » dim. avr. 13, 2025 2:10 pm

Dommage qu'on ne fasse plus lire (ou presque) ces grandes oeuvres littéraires aux jeunes élèves, ca leur éviterait peut-etre de croire qu'ils ont tout inventé en terme de psychodrames littéraires sur internet plus tard :)
CharogneStone
Utilisateur
Messages : 2
Inscription : dim. nov. 20, 2022 7:50 am

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par CharogneStone » dim. avr. 13, 2025 3:26 pm

schaltzmann
Utilisateur
Messages : 53
Inscription : lun. oct. 02, 2006 8:16 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par schaltzmann » dim. avr. 13, 2025 3:50 pm

Ce récit est une histoire, une fiction. Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence.

Jour 5. Bloc C -- Cellule 21

Cinq jours.
Cent-vingt heures d’ennui méthodique. De rééducation déguisée en programme civique. De lavage de cerveau aux slogans pastel.
Ici, tout est prévu. Millimétré. Formaté pour te remettre "dans le bon chemin", comme ils disent.
Ce chemin-là, c’est une autoroute sans bretelles de sortie. Tu avances droit, ou tu crèves.

Tout est blanc. Murs, sols, plafonds. Un blanc qui ne respire pas, un blanc qui t’avale. Pas de tableaux, pas d’horloge. Le temps s’étire, se dilue, t’abandonne. La lumière artificielle ne s’éteint jamais. Un néon blafard qui te surveille comme l'œil de Big Brother, jour et nuit. Et dans ces couloirs morts, le moindre éclat de couleur devient une gifle. Ça tombe bien : ils nous en ont foutu de la couleur. Dans les salles d’atelier. Des arcs-en-ciel, des fresques grotesques où des bonshommes de toutes les couleurs aux visages figés se tiennent la main sous un soleil souriant. Oui, un putain de soleil avec des yeux exorbités et une bouche. Il t’observe. Il te suit du regard. Il rit, aussi. Ou alors c’est moi qui deviens fou. Je préfère les murs nus. Le silence. Les coins froids. Au moins, eux, ils me foutent la paix.

Et puis il y a encore et toujours, la Chanteuse, elle ne se met jamais en pause, elle.
Chaque nuit, elle hurle son refrain. Une voix aiguë, stridente, vibrante de fausseté, qui ricoche sur les murs, qui s’insinue dans les veines. Elle braille des chansons de paix, d’amour, de vivre-ensemble. Une torture. Et même quand elle se tait, son silence est suspect. Tu veux dormir, tu pries pour t’évanouir. Mais elle revient. Une punition au son de karaoké.

Ils nous réveillent à l’aube, enfin, ceux qui ont réussi à trouver le sommeil. Toujours ce petit déjeuner tiède, pâteux, infâme. Flocons d’avoine sans sucre, sans sel, sans vie. Une nourriture pensée pour les bêtes de somme et les rêveurs végétaliens.

Ce matin, on nous annonce une sortie. Un atelier vert, disent-ils.
Le mot "vert" me brûle la langue. Une couleur qu’ils ont repeinte sur tout ce qui respire encore, comme un vernis obligatoire, une teinte imposée à la place de la pensée. Ici, "vert", ça ne veut pas dire nature. Ça veut dire conforme.

Un gardien nous lit la description officielle :
« Re-végétaliser l’espace urbain. Créer des parcelles de jardins collectifs, durables, partagés. Apprendre à coexister avec les espèces non humaines. »

Traduction : on va creuser, planter, arroser pour des citadins en mal de campagne. Des coins de terre pour les cadres stressés qui rêvent de cultiver deux radis bio entre deux visio-conférences. Et pendant ce temps, nous, les bêtes indésirables du système, on joue les jardiniers pédagogiques.
Tu plantes une graine, tu souris à l’abeille, tu tends la main à ton prochain, et tu répares symboliquement tous les torts du monde.
C’est pas un atelier. C’est une fable.
Et comme toutes les fables, elle commence mal...

On troque nos combinaisons oranges pour des tenues vert pomme, ridicules, surmontées d’un écusson : un arbre aux racines en forme de main. Et dans le dos, brodé en lettres trop joyeuses : "Ensemble pour un air plus propre et une ville plus verte."
C’est pas une sortie. C’est une parade. Une exposition.
L’humiliation poussée au point de croix. Même nos vêtements se foutent de nous.

On embarque dans un minibus, six détenus, six surveillants. Un par tête. Le genre de ratio qui dit clairement : « On ne vous lâchera pas d’une semelle. »

Le bus sent le désinfectant et le plastique, comme tout ici. On s’installe, chacun à sa place. Les chaînes aux chevilles grincent contre le sol. Je me cale contre la vitre, espérant un peu de silence.

Mais non.

Le moteur démarre… et avec lui, la sono.
Et là commence le supplice. Pas du métal hurlant. Pas du rap indigeste. Pire.

Alain Souchon. Sa voix nasillarde résonne dans l’habitacle, une espèce de geignement mou qui traîne ses états d’âme sur fond de musiques flasques. Il ne chante pas. Il pleurniche. C’est mou, c’est fade, ça suinte la nostalgie tiède.

Ensuite vient Georges Brassens, avec son éternel pom popomm popommm. Toujours le même rythme, toujours la même guitare, toujours les mêmes textes en boucle. Brassens, c’est la poésie à moustache, le ronron des profs de lettres qui se paluchent sur la liberté. Une chanson, deux chansons, t’as l’impression d’avoir écouté tout son répertoire. Et tu sais quoi ? C’est le cas.

Puis, Jean Ferrat. L’idéologue en chef. Le messie des causes perdues. Il t’envoie dans les oreilles des montagnes, des ouvriers, de l’utopie à la pelle. Sa voix est grave, sûre, pleine de convictions. Trop pleine. Ça dégouline de fraternité, de révolution douce. Il veut changer le monde avec trois accords et un cœur saignant. Ça me donne envie de tout cramer.

On ne nous épargne rien. Même dans ce bus, même en dehors du centre, on nous écrase sous une autre forme de punition. Même ici, dans cet espace qui traverse la liberté sans jamais y toucher, ils trouvent le moyen de nous pourrir l’instant. C’est peut-être volontaire. Une ironie sadique. Pas besoin de barreaux quand on a Brassens, Souchon et Ferrat.

Je regarde dehors. La campagne défile, morne, sans vie. Quelques arbres, des silos, des villages qui se croient encore vivants. Puis la ville nous tombe dessus. Massive. Silencieuse. Morte de l’intérieur.
Et là, c’est l’autre choc.

Sur les trottoirs, c’est un ballet obscène. Une procession d’adultes en trottinette. Oui, des adultes. En trottinette. Je ne m’y ferai jamais. Puis il y a les hommes en costumes bon marché, cravates au vent, oreillettes plantées dans le crâne, le regard perdu dans le néant. Des femmes en tailleurs gris, parfois rose fuchsia, qui veulent crier la joie mais qui transpirent le vide. Tout ce petit monde slalome entre les vélos et les plots, comme des fourmis paniquées sous une violente averse.

Je tends l'oreille, j’aimerais juste entendre le bruit de la ville, comme avant. Les moteurs qui vrombissent, les pots d’échappement qui raclent, les motos qui gueulent à chaque feu rouge. Mais non.
Tout ça, terminé.
Étouffé.

Aujourd’hui, tout ronronne. Les voitures sont électriques, muettes, propres. C’est plus la ville. C’est un aquarium. Un truc aseptisé. Lisse. Sans colère. Sans crissement de pneus ni fumée. Juste ce silence sourd, interrompu de temps en temps par un klaxon timide ou une sirène au loin. Des bribes. Des vestiges d’une époque où la ville avait encore une voix.

Le bus ralentit. On arrive.

On nous fait descendre près du Parc Antoine Waechter, un rectangle vert planté au milieu du gris, une verrue chlorophyllée dans le décor. On ne rentre pas tout de suite. Il faut faire le tour. On avance, enchaînés par les chevilles, à la queue leu leu. Parade de condamnés. Les passants nous regardent. Certains filment. D’autres changent de trottoir. L’humiliation publique, ça fait partie du traitement.

À l’angle de la rue Greta Thunberg et du boulevard Bob Dylan, un groupe de lycéens attend. Uniformes cool, sacs trop lourds, oreilles bouchées par des écouteurs. Des gamins aux regards ternes, l’air déjà lavé, déjà modelé. Mais au milieu, il y a elle. Une fille. Seize ans, peut être dix-sept. Jupe large, cheveux tirés, sac noir. Elle nous regarde. Pas comme les autres. Pas avec peur. Pas avec jugement. Avec une sorte de pitié muette. Nos regards se croisent. J’incline la tête. Un petit geste. Un "je tiens bon". Elle sourit. Et dans ce sourire, y’a quelque chose. Quelque chose de réel. De vivant. Puis elle s’éloigne, happée par la masse. Mais ce sourire, lui, reste avec moi. Comme une clope dans un monde sans feu.

À l’entrée du parc, deux techniciens nous attendent. Polos verts, presse-papiers, sourires creux. Ils nous distribuent des outils. Bêche, binette, greffoir, cisaille, brouette. J’hérite d’une petite pelle et d’un sachet de graines. Le type me dit : « Toi, tu plantes le basilic. » Je le regarde. Je dis rien. Le basilic… Je sais même pas à quoi ça ressemble moi, le basilic. Une herbe, une feuille, un machin qui sent l’Italie ? J’en sais rien. Mais je creuse. J’enfouis les graines. Je tasse. J’arrose. Je joue le jeu. En sachant très bien que rien ne poussera. Pas sous ce ciel, pas dans cette terre, pas dans cette ambiance de cimetière vert. Le basilic a besoin de chaleur, de temps, de liberté. Il n’aura rien de tout ça.

Youri, le russe, bosse à côté de moi. Il parle à son sécateur comme à un vieux frère. Il greffe, murmure, crache dans la terre. Il a le regard d’un homme qui a déjà tué. Peut-être plus d’une fois. Mais là, il prend soin de ses plants comme on s'occupe d'un bébé prématuré. À midi, on a droit à une pause. Un pique-nique sur l’herbe. Le luxe total. Sandwich vegan, chips aux lentilles salées Bio, yaourt au lait d’amande. De la nourriture de secte. Je m’assois contre un arbre. Et pour la première fois depuis des jours, je sens l’air. Je respire.

Une guêpe s’approche de ma boîte. Je la chasse d’un revers de main. Elle s’éloigne, tourne un instant dans l’air comme si elle hésitait, puis revient, attirée par l’odeur aigre du yaourt végétal. Je la chasse à nouveau, plus fort. Elle s’obstine. Pas idiote, la saloperie. Elle sait que dans ce monde fade, la moindre miette sucrée vaut de l’or. Puis elle vire de bord et fonce sur Youri, occupé à analyser son sandwich vegan comme un plan Ikea. Elle le pique entre les doigts. Il sursaute, jure en russe, et balance son repas en l’air. Le pain s’écrase au sol, les légumes giclent. Puis, dans un excès de rage, il tente d’écraser la guêpe… trébuche à cause de sa chaîne et s’éclate dans l’herbe, bras en croix.

Un silence. Et puis, un éclat de rire. D’abord Jean-Mi. Puis moi. Puis un autre. Même les gardiens ne peuvent s’empêcher de sourire. Un éclat de vrai au milieu du faux.

L’après-midi, nouvelle tâche. On doit construire des maisons pour oiseaux. Des nichoirs. Avec mangeoires, perchoirs, toits pointus. On nous file des planches, des clous, de la colle végétale, une scie, un marteau. Je regarde les plans, puis les bouts de bois. Et une pensée me traverse l’esprit : pourquoi pas leur coller du papier peint, aussi ? Et des petits chiottes ? Des rideaux ? On va pas leur refiler des taudis à ces cons de piafs. Je ricane dans ma barbe. Mais je bosse. Je monte la maisonnette. Bancale, de traviole, mais debout. Comme moi.

La journée s’épuise. Le soleil décline derrière les arbres du parc, étirant les ombres sur l’herbe fraîchement tondue. Les surveillants nous rassemblent. Les voix sont sèches, mécaniques. On obéit sans réfléchir, comme des bêtes dressées. Les chaînes se referment sur nos chevilles dans un cliquetis familier, presque rassurant. On se met en file indienne, lentement. Silencieux. Vidés.

On reprend la marche vers le minibus, et c’est là que je la vois.

Pas la gamine de ce matin. Non.

Une femme.

La quarantaine. Peut-être un peu plus. Jean brut, large, usé par les années, une veste en laine grise sur les épaules, et un chien au bout de la laisse, grand, pelage poivre et sel, les oreilles basses, le pas tranquille. Elle marche lentement, sans but apparent, comme si elle avait tout le temps du monde. Comme si elle n’était pas pressée de rentrer dans une case.
Elle nous regarde.
Mais pas comme les autres.
Pas avec peur. Pas avec ce mélange de malaise et de mépris qu’on croise dans les regards de ceux qui pensent encore être du bon côté du mur.

Elle, elle regarde au travers du mur. Son regard s’accroche au mien. Et dans ce regard-là… il y a autre chose.

Quelque chose de douloureux. Quelque chose de lucide.
Elle ne voit pas juste un détenu, un uniforme vert moche, une chaîne à la cheville.
Elle voit ce qu’on a perdu. Pas seulement nous, mais le Monde. Tout le foutu Monde.

Elle voit dans nos chaînes cette liberté qui s’est évaporée, doucement, à coups de règles bienveillantes, d'injonctions à la tolérance, de slogans recyclables. Elle voit un monde devenu trop propre, trop lisse, sans aspérité, sans fièvre. Un monde où on ne pense plus, où on adhère. Où tout ce qui déborde est puni, corrigé, rééduqué. Elle voit cette camisole invisible que tout le monde porte sans même la sentir.

Et elle me sourit. Pas un sourire joyeux. Pas une consolation. Un sourire triste. Vrai. Un sourire qui dit :Je sais, tu n'as rien fait, sois fort. Et moi, je détourne les yeux. Parce que ça me brûle.

Je n’ai pas le droit d’espérer. Mais une chose est sûre : quand je sortirai d’ici, je reviendrai. Je retrouverai ce parc. Je retrouverai ce basilic. Et peut-être, peut-être, je retrouverai ce regard.

Votre très dévoué et irrévérencieux.

Schaltzmann.
titemomo84
Utilisateur
Messages : 416
Inscription : ven. avr. 18, 2014 6:09 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par titemomo84 » dim. avr. 13, 2025 4:51 pm

Vous envisagez pas de vous rencontrer ? Afin de vivre votre passion en réel, vous verrez c'est pas mal aussi :)
ClaraBistouille
Utilisateur
Messages : 56
Inscription : mer. févr. 19, 2025 1:44 pm

Re: Nouveau Journal d'un prisonnier politique.

Message par ClaraBistouille » dim. avr. 13, 2025 5:36 pm

^^
Pièces jointes
Le cirque.jpg
Le cirque.jpg (108.85 Kio) Consulté 236 fois
Répondre